Samedi 20 juin 1999.
Diamantino. (Mato Grosso).
Départ
fort matinal toujours dans notre cher car. Depuis le début
du périple, on a tendance à garder les mêmes
places, c'est notre côté papy qui ressort. Le
trajet vers Lucas do Rio Verde a été relativement
court. Nous nous sommes arrêtés dans une fazenda
de petite taille (quand même 750 hectares) : la fazenda
Progresso. Nous avons pu découvrir comment se traduisait
concrètement ce que l'on appelle le processus de déforestation.
C'est
déprimant comme paysage, à la place de
la forêt de transition, on retrouve des champs
tout fraîchement créés, les souches
qui viennent d'être arrachées par les bulldozers
sont encore fumantes. Pour créer un champ, le
propriétaire nous explique qu'il faut deux bulldozers,
on relie une chaîne entre les deux, on avance
en abattant la végétation, par la suite
on rassemble toutes les souches et on les brûle.
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Après
quelques jours on retourne le sol, on y enlève les
roches et deux ou trois ans après on trouve dans cette
zone des champs de soja, de coton ; production qui sera choisie
en fonction des cours mondiaux.
D'un point
de vue environnemental, c'est une catastrophe mais d'un point
de vue économique, cela permet au Brésil d'exporter
et de rentrer petit à petit dans la cour des géants économiques
et donc d'accroître son pouvoir sur le marché mondial.
En France,
cet arbitrage entre économie et environnement s'est
aussi réalisé et ce, plutôt en défaveur
de l'environnement, mais on se dit qu'il est possible de ne
pas réïtérer ce genre de pratiques et de
profiter des expériences passées. On peut presque
parler de maturité économique, en effet la conscience
écologiste ne s'est développée dans les
économies occidentales qu'à partir du moment
où elles ont atteint un niveau de développement
économique suffisant pour que la majorité de
la société n'ait plus trop à se préoccuper
de trouver à manger et ainsi commencer à réfléchir
sur son environnement. C'est tout le problème des pays
émergents actuellement. Le débat à continuer
dans le car jusqu'à l'arrivée à Lucas
do Rio Verde.
Au même
titre que son environnement (des champs à perte de
vue, de silos à grains) d'une monotonie à mourir (la Beauce
puissance cent), la ville est déprimante, très
peu vivante même si cela semble s'améliorer d'après
les témoignages de Vincent et Pascal. En effet, il y a seulement
deux ans il n'y avait aucun bar, un seul hôtel. C'est
un espace en transformation continuelle, qui vit en fonction
des fluctuations des cours mondiaux : une année les
silos seront remplis de soja, celle d'après de blé,
etc.
C'est sur
ces images que nous nous endormons dans un hôtel qui
nous permet une vue superbe... sur les silos à soja
de Cargill (l'entreprise qui exporteune majeure partie de
la production de soja de la zone vers l'étranger) et
une station essence : Lucas est aussi une des étapes
obligées pour les routiers sur la BR 163 reliant Cuiaba
à la Transamazônica ainsi qu'à Santarem.
 
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