Samedi 12 juin 1999.
Cuiaba. (Mato Grosso)

On s’est réveillé aux aurores pour partir visiter le Pantanal. Le trajet commence par de la route asphaltée puis se transforme rapidement en une piste complètement défoncée, c’est très dépaysant, surtout pour notre colonne vertébrale qui n'est pas bien habituée à se faire secouer dans tous les sens.

Nos mirettes commencent à travailler énormément, étant donné la quantité d’oiseaux que l’on peut voir aux abords immédiats de la piste, des tuiúiús (oiseau symbole du Pantanal avec une tête noire, un cou rouge et un corps blanc) mais aussi des garças brancas, des balbuzards pêcheurs, des martins-pêcheurs bicolores, ainsi qu’un nombre invraisemblable de jacarès (le nom des crocodiles ici), d’après certains chiffres il y aurait plus de 2 000 jacarès par habitant dans les marais du Pantanal.
L’endroit, même s’il est magnifique, paraît hostile avec des eaux saumâtres infestées de piranhas et autres bébêtes pas super sympathiques. Cette première sortie terrain a été l’occasion pour beaucoup de tester les performances de leurs appareils photos.

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La piste que nous empruntons est émaillée de nombreux passages sur des ponts de bois qui paraissent bien fragiles face au poids des cars, l’un de ces passages sera fatal au plancher d’un des cars. En passant un pont, une des roues a soulevé une poutre, et celle-ci a transpercé le plancher, après de multiples manœuvres, la situation est rentrée dans l’ordre.
Après cinq ou six heures de car sur des pistes toujours aussi pourries avec une centaine de ponts à passer, donc autant de raisons de s’inquiéter pour notre moyen de locomotion, nous arrivons dans une pousada, la pousada Pixaim, pour nous nourrir dans un cadre bien agréable (une énorme hutte couverte de fanes de palmiers), le repas fut gargantuesque et le début de la digestion a coïncidé avec la montée dans des petites barques à moteur pouvant contenir une dizaine de personnes.

Tout démarre bien, on aperçoit des multitudes d’oiseaux et de jacarès sur les berges dans ce labyrinthe de cours d’eaux qui drainent le Pantanal. Après un trajet de deux heures et demi à écarquiller les yeux tant ce que l’on voyait était magnifique, nous nous sommes arrêtés à proximité du lieu de rassemblement des oiseaux, surtout des spatules roses des tuiùiùs, des cigognes amazoniennes : c’était absolument magnifique.
La nuit commençant à tomber, nous avons pris le chemin du retour, en partageant nos impressions sur notre première journée de "terrain".
Au bout d’une demi-heure la nuit est tombée très rapidement et notre "barquier" a sorti sa lampe pour se guider à travers les méandres des cours d’eau, les visions que l’on avait des berges étaient totalement différentes, on y voyait les yeux luisants des jacarès (les méchants crocos) de très près. La vitesse du bateau conjuguée avec la très faible puissance de la lumière du guide a fait que nous nous sommes èchouès sur une berge faisant perdre à certains des kilos d’ongles. Mais fausse alerte, la berge était inoccupée et personne ne s’est fait manger de bras ou de jambe, nous sommes alors repartis le cœur à 200 à l’heure dans la nuit pensant réïtérer cette prouesse, mais non, aucun échouage à déclarer.
Nous croisons une multitude de bateaux très peu éclairés et notamment un d’où émane des cris de français..., ils sont en rade d’essence en plein milieu d’un lac ; notre guide décide de joindre au plus vite une pousada pour prendre de l’essence, nous récoltons ce précieux liquide mais au bout de cent mètres, notre moteur se noie et nous devons rentrer à la pagaie laissant les autres en plan dans le noir (pauvres petits chats !) en plein milieu d’un lac. Les personnes gérant la pousada nous ont alors " rapatriés " pour rejoindre notre base de départ.

Même si sur le coup, nous n’étions pas vraiment rassurés, l’accumulation de ce type de situations était d’un grotesque hors du commun qui nous fait encore rire maintenant et qui restera un moment vraiment à part dans nos petits cerveaux.
Après avoir raconté nos péripéties au reste du groupe, nous sommes repartis vers Cuiaba en car en reprenant le même chemin qu’à l’aller, il nous reste environ cinq heures de car en pleine nuit sur des routes qui ne sont pas en très bon état. Tout le monde est bien fatigué et s’endort très rapidement. Nous nous réveillons à Cuiaba vers une heure du mat pour rejoindre nos pieux. Il faut absolument récupérer, nous avons une journée relativement chargée demain avec un départ prévu à 7h15 pour visiter la Chapada dos Guimaræs.

 

Carnet de route