Le Brésil,
un territoire d'héritage colonial, une terre de conquête.
4 Mise en valeur du Mato
Grosso et principales productions.
Le
Mato Grosso est resté longtemps à l'écart
des grands cycles économiques de la vie au Brésil
à cause de ces difficultés d'accès. L'ouverture
des routes et la volonté du pouvoir politique d'intégrer
le Mato Grosso comme l'Amazonie à l'économie
mondiale va permettre le désenclavement et le développement
économique de la région.
Caractéristiques
géographiques.
Aussi
grand que la France et l'Italie réunies, le Mato Grosso
s'étend sur 906.806 km2 et est peuplé de 2.400.000
habitants . Il présente une position stratégique
du fait de sa situation frontalière avec la Bolivie
et le Paraguay.
D'un
point de vue morphologique, le Mato Grosso présente
une prédominance de plateaux, appelés chapadas,
dont la Chapada dos Guimaraes à moins de 60 km à
l'est de Cuiaba, et la Chapada dos Parecis située à
l'extrème nord-est de Cuiaba, au delà de la
ville de Tangara da Serra. Au pied de ces plateaux, on trouve
une succession de plaines, les serras, dans certains secteurs
(la province Serrana), et de bassins énormément
drainés au sud du Mato Grosso, dans le Pantanal Matogrossense.
carte
Cette
région est pour l'essentiel le domaine de la forêt
de terra firme et des cerrados. Elle est initialement partagée
entre les basses terres de la forêt amazonienne au Nord,
les plateaux couverts de cerrados et de forêt galerie
au centre, le Pantanal au sud.
Au
niveau géologique, la région du Mato Grosso
est constituée de latosols à texture argileuse
et sols podzoliques rouges et jaunes. Il est observé
également la présence de graviers et de quartz.
Du fait qu'il y ait peu de roches basiques, les sols sont
peu cuirassés.
Les
latosols rouges et jaunes s'étendent sur 90.000 km2
dans le Planalto Parecis, la Chapada dos Guimaraes et la dépression
du haut Paraguai. Ce sont des sols profonds, bien drainés,
utilisés pour les pâturages, le riz, le soja
et le café essentiellement.
Les sols podzoliques sont, eux, d'une fertilité naturelle
médiocre.
Mise
en valeur et colonies de peuplement à travers quelques
fragments d'histoire
C'est
de 1522 à 1524 que Aleixo Garcia atteignit le rio Paraguay
et parcouru, pour la première fois, le Mato Grosso.
Deux siècle plus tard, la région reçoit
le titre de capitainerie et fonde Vila Bela et Cuiaba. A cette
époque, le Mato Grosso est la terre de conquête
des Bandeiras partis à la recherche d'or et de diamants.
Au 18ème siècle, le
Mato Grosso compte 28.000 habitants.
Le
19ème siècle vit l'exploitation des mines d'or
péricliter ; mais les activités économiques,
comme la production de caoutchouc à partir de la sève
d'hévéas, permirent un accroissement de population
et la naissance de fortunes privées. La fin du siècle
est caractérisée par la domination de la canne
à sucre et de son industrie sur les rives du rio Cuiaba.
Dès lors, des disparités entre le nord et le
sud apparurent. L'aristocratie du nord soutenait la centralisation
politique alors que le sud défendait une politique
expansionniste.
La
population du sud connut une croissance exceptionnelle surtout
dans la colonie de Dourados (611%), créée en
1941 par le gouvernement fédéral. Elle est l'une
des premières colonies ayant accueilli des migrants
du Nordeste : le gouvernement octroya 9000 lots d'une trentaine
d'hectares aux paysans sans terre pour la culture du café,
du coton, des haricots, puis de l'arachide.
La
volonté de relier cette région à la côte
avait pris forme avec le projet du colonel Rondon, qui, de
1907 à 1915 tenta de relier Cuiaba à Porto Velho
par télégraphe. Peu à peu s'individualisait
un Mato Grosso du nord et une région sud.
Parallèlement,
en 1955, l'État du Mato Grosso, passa un accord avec
vingt compagnies privées et mis à leur disposition
quatre millions d'hectares ; or, la constitution interdisait
la vente supérieur à 1.000 hectares au même
acheteur. Des reventes illégales se produisirent, la
même terre à différents acheteurs parfois.
Cette surface ainsi divisée, on assista à un
peuplement de petits producteurs sur les terres divisées,
et une concentration d'immenses surfaces entre les mains de
même propriétaires.
On
peut distinguer deux sortes de colonisation : une publique
et officielle, et une particulière, privée,
légale et illégale.
La
colonisation publique est effective à travers deux
projets de développement dirigée par la CCP
en 1951 et la CODEMAT en 1991. Ils supposent 30 familles par
nucleo, sorte de communauté agricole ; les lots sont
de petite dimension (de 5 à 30 hectares)et réservés
aux anciens garimpeiros et aux petits agriculteurs dans le
besoin. Mais les exceptions ne sont pas rares : le projets
Juina/Juina (nom du projet, nom du municipe) implanté
en 1976, s'étend sur 248.153 hectares et comprend des
lots de 50 à 3.000 hectares. Celui de Roosevelt/Aripuana
de la même année s'étend sur 458.800 hectares
et comprend des lots de 2.000 à 3.000 hectares alors
que la plupart des projets par municipe n'excèdent
pas les 10.000 hectares.
Pour ce qui est de la colonisation privée, elle débute
surtout dans les années 1950 et est l'instigation de
société privée de colonisation et d'agriculture.
En moyenne, les surfaces colonisées n'excèdent
pas les 200.000 hectares pour la première vague des
années 50, avec des lots d'environ 1000 hectares.
En
résumé, l'État du Mato Grosso présente
trois types de colonisation :
Une
colonisation par l'acquisition de lots de 10.000 hectares
à des personnes physiques pour promouvoir l'occupation
des terres ; des lots de 20 ha aux garimpeiros pour une mise
en valeur individuelle ; des lots de 20.000 ha ou plus à
des compagnies comme les nucleos de peuplements.
C.
AUBERTIN distingue cinq foyers de peuplements dans le Centre-Ouest
soit le Mato Grosso, le Goias, le Rondônia et le Mato
Grosso do Sul crée en 1979.
Pour
ce qui est du Mato Grosso, les anciens fronts pionniers des
petits agriculteurs pauvres du Nordeste correspondent aux
anciennes colonies agricoles ouvertes par les pouvoirs publics
dans les années 40-50 à Rondanopolis et Dourados.
Depuis 1970, ces régions accusent un exode rural relatif
à la baisse de rendement des sols, au morcellement
des exploitations et à la spéculation sur la
terre depuis l'ouverture des routes donnant naissance à
une concurrence déloyale entre propriétaire.
Les
espaces orientés vers une économie traditionnelle
(agriculture et élevage) et de faible densité,
prennent une double orientation depuis les années 80.
La vallée du Guaporé dans la chapada dos Parecis,
la moitié sud du Rondônia, le Pantanal,
,
connaissent une phase de stagnation.
Les zones de cerrados localisées dans le sud-est du
Mato Grosso notamment, s'orientent vers une modernisation
agricole avec l'élevage très intensif.
Plus
vers le nord, les espaces bénéficiant d'une
topographie plane, sur des sols perméables, permettant
une mécanisation aisée, représentent
la zone d'expansion du soja. Les principaux exploitants sont
des petits propriétaires venus du sud du pays ( surtout
du Rio Grande do Sul).
Dans
le Mato Grosso, au delà de Cuiaba, le long de la BR
163 et en direction du nord, les zones nouvelles de peuplement,
aux faibles densités rurales, connaissent une urbanisation
accélérée de la frontière agricole
; l'habitat est groupé, concentré dans la ville,
généralement gérée par la Société
de Colonisation quand la colonisation est privée. La
route joue un rôle déterminant dans la localisation
des villes et la concentration des habitants.
Le
front d'expansion remonte vers le nord ; des foyers urbains
apparaissent le long de la BR après des kilomètres
d'espaces vides, avec seulement la présence de cultures
et de bétail pour nous rappeler que l'homme à
sa main mise sur le territoire. La création de municipes
officialise l'occupation humaine et les nouveaux foyers de
peuplement ; de 28 municipes en 1940, on en comptait 64 en
1960 pour l'ensemble du Mato Grosso. après la division
de l'état en 1979, le Mato Grosso en dénombrait
38 en 1980 (55 pour le Mato Grosso do Sul), 95 en 1990 et
127 en 1998, derniers chiffres en date.
Cette
région est en voie de transformation rapide avec le
développement des pâturages, de la culture de
soja, de maïs, de riz
le long des axes de colonisation
agricole. Des villes de création récentes jalonnent
la route à intervalles réguliers et croissent
rapidement: entre autre Sinop, Santa Carmen, Sorriso, Lucas
do Rio Verde et Vera - qui couvrent notre secteur d'étude
- ont toutes cet aspect similaire de ville quadrillée
au plan géométrique.
Le
peuplement du Mato Grosso croit très rapidement ; de
522.044 habitants en 1950 la population atteignait presque
quatre millions (3.811.265) en 1990 mais note une certaines
diminution de population depuis quelques années.
Le
Centre-Ouest est aujourd'hui le "grenier" du Brésil.
Le Mato Grosso est un producteur important dans l'économie
du pays et un acteur essentiel dans la politique d'exportation
mondiale du Brésil. Selon les chiffres de 1991 donnés
par l'IBGE, il est le troisième producteur de soja
après le Parana et le Rio Grande do Sul. Depuis 1991,
la Chapada dos Parecis et la région au nord est de
Diamantino sont une des zones clefs de production.
Cette
production nécessite peu de main d'uvre du fait
de sa haute mécanisation. L'augmentation des surfaces
mises en cultures s'explique par le coût élevé
de sa production et l'éloignement des ports d'exportation.
Le soja représente 59% des productions du Mato Grosso.
Pour
les autres productions : le riz représente15% ; le
maïs, 13% ; puis les haricots (feijão), la canne
à sucre, l'algodão (le coton), chacun d'eux
3% ; enfin, la banane et le manioc couvrent chacun 2% des
productions.
La
deuxième spécialité du Mato Grosso, idéal
de par ces immensités, est l'élevage, production
caractéristique des fazendas dotés de grands
espaces de pâturages. Les pâturages remplacent
petit à petit les cerrados.
Enfin,
le Mato Grosso est le grand spécialiste de la canne
à sucre. Il compte 13 distilleries. Sa culture se fait
principalement à l'intérieur de l'état,
à l'est, dans le secteur de Poconé et dans les
municipe au nord de Cuiaba (Sorriso,
).
Globalement,
au sud du Mato Grosso, on trouve une agriculture plus diversifiée,
caractéristique de la petite propriété
appartenant aux migrants de São Paulo, du Nordeste,
du Mina Gerais. Le nord est plus représentatif des
grandes fazendas d'élevage et de culture de soja. En
1978, le Mato Grosso comptait 192 fazendas.
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